Dallas a été créée en 1841. Sa population est de 1,3 million d'habitants, elle forme avec Fort Worth une agglomération de plus de 7 millions de personnes, ce qui en fait la 6 ème plus grande aire urbaine des États-Unis et la 1 ère du Texas. L'activité pétrolière représente 8 % du PIB de la ville. Son secteur économique très diversifiée est particulièrement performant dans les domaines de la finance, de l'électronique, du textile et de l'immobilier. Le climat est subtropical humide, avec un ensoleillement très important et une belle pluviométrie (950 mm / an). Notre intérêt s’est porté sur cette ville, jumelée à Dijon, car elle est typique du modèle urbain américain.
Ce prix équivaut à un prix Nobel d'architecture. Dallas possède six bâtiments, essentiellement dans le quartier des arts, conçus par des architectes ayant gagnés ce prix (Ieoh Ming Pei, Renzo Piano, Norman Foster, Rem Koolhaas, Phillip Johnson, Thom Mayne). Cela fait de Dallas la ville avec la plus forte concentration au monde d'architectes « pritzkerisés ». Tous ces bâtiments, essentiellement des musées, ont été financés sur fonds privés pour hisser Dallas au statut de ville culturelle internationale. C'est, également, une stratégie d'image mise en place, par les familles fortunées de la ville, pour attirer les grandes entreprises et leurs cadres. En France, ce sont l’État et/ou les communes qui jouent ce rôle.
La fiscalité très avantageuse proposée à Dallas et au Texas incite de nombreuses entreprises états-uniennes à y installer leurs sièges sociaux. Par ailleurs, le prix d'une maison ou d'une parcelle est en moyenne 3 fois moins cher à Dallas qu'à Los Angeles ou dans l'état de New York. Ainsi, la rencontre d'une dynamique économique favorable, d'un secteur immobilier bon marché, d'une fiscalité avantageuse et d'une capacité géographique d'étalement très importante sont les moteurs de la croissance urbaine de Dallas et de son agglomération.
Taux d’imposition par État, sur le revenu des particuliers :
Taux d’imposition par État, sur le revenu des particuliers :
Le taux de fécondité à Dallas est de 1,7 enfant par femme et de 1,9 aux États-Unis. Ces derniers seraient en légère décroissance démographique, si le flux de migrants étrangers n'était pas aussi important (1er pays au monde pour son solde migratoire, +1 million en 2015). Le taux de fécondité est, par exemple, de 1,4 enfant par femme en Allemagne, avec un flux migratoire de + 450 000 personnes en 2015. Ce taux ,en France, est de 2,1 et son solde migratoire, en 2015 de + 60 000 personnes.
Le Texas a été parcouru par des explorateurs français et espagnols aux XVI ème et XVII ème siècles. Les espagnols l'ont intégré au Mexique en 1716. Il a obtenu sont indépendance en 1836, avant de se rattacher volontairement aux États-Unis en 1845, pour se protéger d'une pression montante du Mexique.
Sa population est de 28 millions d'habitants, il s'agit du deuxième État le plus peuplé après la Californie. Il est également le deuxième État le plus grand, après l'Alaska, 700 000 km² (France 675 000 km²).
Dallas est une ville très zonée, cela signifie que les espaces d'habitats, de commerces, de travail ou encore de loisirs ne sont pas mélangés. Cette spécificité, que l'on retrouve en Europe, en moins marquée, provient d'un facteur clef aux États-Unis, la propriété privée. En effet, l'installation de logements collectifs ou d'un atelier trop proche d'une maison pourrait faire baisser sa valeur.
Ainsi, on trouve plus de mixité fonctionnelle (petit commerces, maisons…) dans les quartiers populaires, où la valeur de l'immobilier est moindre.
Dallas, comme la plupart des villes américaines, s'est construite sur un modèle anti-urbain, c'est à dire en opposition au modèle des villes mélangées (fonctions, classes sociales et raciales) et denses qui existaient en Europe au XVI ème et XVI ème siècle, au moment où les premiers colons quittèrent notre continent. Ces villes en pleines mutations industrielles comportaient de nombreux quartiers pauvres, insalubres, dangereux. Le rêve était alors de construire un autre type de ville, plus rurale, moins urbaine. Les américains prônent alors un idéal résidentiel de banlieue, dans la « nature ». Cet idéal sera à la base de l'étalement urbain de Dallas et des villes américaines.
Aux États-Unis, la forme urbaine qui incarne le mieux ce discours anti-urbain, est sans aucun doute la « gated community ». Il s'agit de quartiers pavillonnaires fermés et sécurisés dont les voiries et les équipements sont privés. Il n'y a plus d'espace public. La ville est une copropriété. Certains gated communities peuvent atteindre plus de 30 000 habitants, comme Sun City en Arizona (ce dernier, thématisé, est réservé aux personnes âgées, la moyenne d'age est de 75 ans).
Chaque pays doit assumer ses contradictions. Les États-Unis pays de liberté ? …. Question qui peut être posée car l'histoire du XX ème siècle nous enseigne que l’idéal anti-urbain a été prôné essentiellement par des régimes autoritaires : la France de Vichy, le régime nazi, la Chine de Mao, Le Cambodge des Khmers rouges…. Ces régimes se sont opposés au modèle urbain, car sa forme (densité, mixité) aurait pu générer, selon leurs projections, le terreau d'une opposition potentielle (manifestations, cercles d'intellectuels...).
L'histoire des États-Unis passe par la conquête d'un vaste territoire, face aux natifs américains (indiens), aux mexicains… Pour posséder un terrain, il suffisait de prouver qu'il était « un peu » exploité. Ainsi plus les communautés s'étalaient et plus le pays grandissait. Cet étalement était donc fortement encouragé. La ville américaine et Dallas en sont les dignes héritiers.
Un survol en avion de Dallas permet de constater que la ville ressemble à une forêt. En effet, la majorité de la surface urbaine est occupée par des lotissements, et chaque parcelle est plantée d'un ou plusieurs arbres, dont l'objectif est d'évoquer la « nature », mais également de faire de l'ombre à la maison pendant les trois mois d'été, où les températures peuvent monter à plus de 40°C.
La pluviométrie généreuse et la chaleur permettent de faire pousser de très beaux et grands arbres. Nous sommes loin de l'image proposée par la série TV « Dallas », la ville dans le désert.
Dallas est la ville la plus inégalitaire des États-Unis, selon l'institut urbain de Washington. La différence est très marquée entre les quartiers riches (blancs) au nord et les quartiers pauvres (hispaniques et afro-américains) au sud de la ville. La société américaine est passée d'une ségrégation raciale à une ségrégation sociale et spatiale. Cependant, le spectre de ces ségrégations se croisent fortement, ce sont ainsi le plus souvent les afro-américains et les hispaniques qui disposent des revenus les plus faibles.
Revenu moyen d'un foyer dans le nord Dallas : 85 000 dollars
Revenu moyen d'un foyer dans le sud de Dallas : 34 000 dollars
Prix d'une maison dans un quartier pauvre du sud de Dallas : 5 à 15 000 dollars
Prix d'une maison dans un quartier chic du nord de Dallas : entre 500 000 et 1 million de dollars
Revenu moyen / an, d'un habitant
Patrimoine médian d'un ménage
Le white flight, l'envol des blancs, est un phénomène qui s'est développé dans les années soixante aux États-Unis pendant la période de revendication des droits civiques, par la communauté afro-américaine (Black Panther Party, Black féminisme, Martin Luther King...). Les blancs ont fuit massivement les quartiers mélangés, pour se regrouper. Aujourd'hui, à Dallas, cette ségrégation résidentielle, bien que déjà très marquée, continue encore à s'accentuer, selon l'institut de statistique de la ville. Les blancs quittent toujours les quartiers sud, est et ouest, pour aller dans le nord de la ville.
Aux États-Unis, la densité est vécue comme un problème, en France, elle est envisagée comme une solution. Ce nouveau dogme urbain est porté par une majorité d'élus, d'urbanistes et d'architectes, l'objectif affiché étant de réduire notre empreinte écologique. Il est également un bon moyen d'augmenter les recettes d'une ville, via la taxe foncière, c'est donc aussi une course au gain. Ceci étant, il y a, comme dans toute chose, du bon et du mauvais, il s'agirait d'en faire le point. Pour ce qui concerne les transports en commun, seule la ville dense peut les rendre efficaces. Cependant, la ville dense génère généralement une augmentation des prix du bâtit, ce qui nécessite de produire du PIB, pour financer ce surcoût, donc de la pollution. De surcroît, dans une ville dense mal gérée, les habitants cherchent à partir le week-end pour s'aérer. Par ailleurs, la distance entre le lieu de résidence et le lieu de travail d'un salarié aux États-Unis et en France est la même, 16 km. Cela semble surprenant car la ville américaine est très étalée, l'explication réside dans la mobilité des travailleurs qui est plus importante aux États-Unis, ce qui signifie que l'habité est aussi important que l'habitat.
Ainsi, il serait bon de calculer l'impact écologique sur l'ensemble du cycle de vie de la ville dense.
Il n'y a pas de politique de logement social à Dallas conséquente, cependant, il est possible d'acquérir une petite maison en bois des années cinquante, en état moyen, avec un peu de terrain, à 15 min en voiture du centre ville, dans les quartiers populaires, pour 10 000 dollars ou pour un loyer de 200 dollars/mois. Ainsi le marché est capable de fournir des maisons à des prix très faibles.
Les noms et la multiplicité des styles architecturaux racontent bien les influences, toujours très fortes, des pays d'origine des migrants qui se sont installés à Dallas et aux États-Unis.
Dallas reflète cette l'immensité de l'espace géographique qui l'entoure, elle semble être la quintessence de la cité américaine standard, en damier, répandue sur un relief peu marqué, que l’on retrouve aux quatre coins du pays, de Chicago à Los Angeles, de Minneapolis à Austin, « des villes qui sont nées provisoires et le sont restées (...), qui n’ont jamais atteint une température interne de solidification » comme dit Jean-Paul Sartre, qui les découvre lors d’un voyage en 1945*.
Villes allongées, étalées, horizontales, instables et proliférantes, dont on peine à trouver la limite, plutôt que les « villes-debout » souvent décrites (les gratte-ciels sont finalement rassemblés sur le périmètre restreint du « downtown »). Elles constituent, pour leurs habitants, un paysage mouvant, sans cesse recomposé, à coup de styles « revival », fait de matériaux légers, de poutres métalliques ou de bois, très peu de pierre.
Des « villes mobiles » pourrait-on dire.
Sartre écrit alors : « Une ville pour nous, c’est surtout un passé ; pour eux, c’est d’abord un avenir, ce qu’ils aiment en elle, c’est tout ce qu’elle n’est pas encore et tout ce qu’elle peut être ». Et c’est aussi ce qu’il va apprécier : leur ouverture, le fait de ne pas s’y sentir enfermé. Des villes légères, inachevées, en mouvement, et qui laissent libres.
* "Villes d'Amérique" articles de 1945 in « Situations, II », Jean-Paul Sartre, Gallimard, nouvelle édition de 2012
Cyril Brulé, Architecte
Les premiers blancs à avoir parcouru le Texas, ont été des espagnols, en provenance du Mexique au XVIème siècle. Ainsi, Luis de Moscoso a parcouru la région de Dallas en 1541. La tribu dominante alors sur le territoire de Dallas, était les Caddos, mais il y avait également au Texas des Comanches, Cherokee, Apaches, Whishita, des Tonkawa… Au total, plus de 25 tribus.
Il y a actuellement 4 millions d’américains natifs aux Etats-Unis et 170 000 au Texas. Ces derniers vivent principalement dans 3 réserves, dans cet état. Leur trace à Dallas est très peu présente.
Ces associations regroupant les habitants d'un quartier jouent un rôle très important alors qu'elles n'ont pas de compétences particulières, ni de budget, hormis leurs cotisations. Elles ont un poids politique fort grâce au nombre important de leurs adhérents, jusqu'à un tiers des habitants du quartier. Ainsi, elles peuvent agir en dialogue avec la municipalité sur des sujets aussi variés que l'habitat, la voirie, le commerce, le social…….
Le pouvoir de ces associations est bien supérieur aux comités de quartier, mis en place en France dans les années 2000. Elles représentent un modèle performant de démocratie participative de proximité.
Dallas est une ville qui s'inscrit complètement dans la tradition urbaine américaine. Elle est étalée, les résidents vivent dans les banlieues pavillonnaires, les autoroutes urbaines très présentes la structurent, les centres commerciaux, grands et petits, règnent en maître. La production urbaine est principalement le fait de développeurs immobiliers, la municipalité a plus un rôle réglementaire et d'accompagnement que de maître d'ouvrage. L'initiative privée est le moteur de la production urbaine.
Parce que la plaine sur laquelle la ville est installée est immense et très peu peuplée
Parce que l'on a parfois l'impression que la ville est vide
Parce qu'on y trouve encore l'esprit pionnier : remplir, se développer…..
Parce qu'il y a des quartiers abandonnés, au moins pour un temps, car le business ne s'y fait pas
Parce que les dallassiens sont très entreprenants, c'est comme s'ils comblaient un vide…
Parce que c'est une ville très peu sonore, car les arbres, les voitures à boites automatiques, les maisons en bois, l'étalement estompent ou réduisent les bruits
Tous ces vides ouvrent parfois des espaces de liberté que nous n'avons pas en France. Nous prendrons comme exemple les quartiers pauvres et ségrégés du sud de la ville, abandonnés par les investisseurs et très peu travaillés par la municipalité. Ainsi, par exemple, sur certains espaces vides, des activités informelles de divertissement s'installent, sans répression.
La réunion est une communauté fouriériste fondée à Dallas en 1855. 350 personnes sont arrivés alors que le village de Dallas comportait 250 habitants. Charles Fourrier est un utopiste bisontin, du XIXe siècle. Cette communauté utopique prônait des valeurs socialistes très fortes. Les femmes avaient le droit de vote, par exemple, et la production était répartie équitablement. La communauté s'est séparée 5 ans après sa création, mais un tiers de ses membres sont restés à Dallas. Ils ont durablement influencé la ville à ses début. Aujourd'hui le sigle « La Réunion » est très présent dans la ville.