le bidonville est a forme urbaine qui connaît actuellement la plus forte expansion à l‘échelle mondiale. Selon l’O.N.U., 30 % de la population urbaine mondiale, soit 1 milliard de personnes, vit dans des espaces de type « bidonville » et d’ici à 2050 ce chiffre devrait atteindre 50 % de la population urbaine, soit 2 milliards de personnes. Cette exposition a pour objectif d’analyser cette forme urbaine, de comprendre les raisons de son développement et d’observer ce qui, malgré les difficultés, fonctionne dans ces quartiers. Le bidonville est le marqueur urbain de politiques publiques libérales et ségrégationnistes. Il est également le témoin d’états faibles ou/et corrompus. Il est encore le résultat d’histoires tourmentées par la guerre, les répressions et les dérèglements climatiques. Il est aussi le fruit de la mondialisation, qui amène les pays peu développés à ouvrir leurs frontières, affaiblissant ainsi considérablement les paysans pauvres que l’on retrouve ensuite dans les quartiers informels. Enfin, sa création est très largement liée à des phases de forte poussée démographique. Cependant, malgré ces difficultés, les bidonvilles sont des quartiers populaires qui fonctionnent, la grande force de l‘être humain étant d‘être créatif. Ainsi avons-nous observé ce que cette forme urbaine auto-construite, auto-planifiée, peu capitalisée, mais pourvue d’une vie sociale riche, peut apporter à nos villes planifiées. En filigrane, nous nous interrogerons sur ce que la ville moderne a perdu pour progresser, en offrant les rues aux voitures, en limitant le petit commerce, en créant des hypermarchés en périphéries, en thématisant les quartiers ; bref en détruisant largement la vie sociale de proximité. Cela pourrait ébaucher le procès de la ville moderne, pour nous permettre d’imaginer une ville plus douce, plus courte, plus écologique, plus vivante, plus solidaire, moins gourmande... Toutes choses qui constituent un bidonville. Pour mener cette recherche, nous nous sommes rendus dans des bidonvilles à Addis Abeba (Ethiopie), Amman (Jordanie), Bombay (Inde), Bucarest (Roumanie), Lima (Pérou), Manille (Philippines), Ouagadougou (Burkina Faso), Tokyo (Japon). Nous avons sollicité des habitants, des géographes, des démographes, des économistes, des anthropologues, des architectes et des urbanistes.