Archidb continue d’explorer des villes à travers le monde. Après Dallas, Kinshasa, Dubaï, les grandes métropoles africaines et chinoises, nous nous sommes arrêtés à Port au Prince, Haïti. Nous cherchons à montrer qu’il existe une relation entre les formes urbaines et les comportements sociaux, économiques et politiques des populations. Nous souhaitons également saisir l’esprit des villes que nous traversons grâce à des travaux d’artistes, de chercheurs, d’auteurs et de documentaristes. Port au Prince, capitale économique et politique d’Haïti, se construit sur le modèle d’un urbanisme par le bas, vernaculaire, organique que l’on retrouve dans les grandes villes d’Afrique, d’Amérique du sud et d’Asie du sud ou encore dans les villes européennes jusqu’au XIXesiècle. Ce sont les habitants, la société civile qui la dessinent et non les planificateurs. Cela génère des formes urbaines bien différentes des clonages et des zoning proposés par les urbanistes. Nous trouvons cette forme de production riche d’un grand intérêt. Ce modèle génère plus de diversité, plus de douceur, moins de flux et de machines. Il serait intéressant de s’en inspirer à nouveau. Port au Prince est formée de seize collines, souvent boisées, regardant la mer turquoise des caraïbes. Certaines d’entre elles s’élèvent à plus de 800 m d’altitude, offrant deux climats au sein d’une même agglomération et des vues magnifiques sur la mer. Le centre, près du port, est une grande zone de commerce. À l’est, la plaine autrefois plantée de cannes à sucre constitue la principale zone d’expansion de la ville. Sa population a été multipliée par vingt six en soixante dix ans, ce qui représente une expansion considérable. Haïti, est la deuxième colonie, dans l’histoire moderne des empires, à avoir obtenu son indépendance en 1804, après les Etats-Unis, au dépend d’une puissance étrangère, en l’occurrence la France. Elle est surtout la première portée par des esclaves et la première république noire. À l’époque, elle pesait 25 % du PIB de la France grâce au sucre, à l’indigo et au café qui étaient consommés dans toute l’Europe. Napoléon avait envoyé plus de 20 000 soldats pour conserver cette perle, en vain. Ce portrait flatteur, ne doit pas faire oublier les difficultés de la ville, qui subit une croissance démographique exponentielle, difficile à gérer. Elle supporte une crise économique structurelle et endémique due à une histoire chaotique qui a débutée dés le début de l’indépendance, à un état corrompu et aux puissances étrangères qui profitent de ses faiblesses pour exploiter ses ressources. En tête, les USA, en imposant une politique néolibérale, depuis les années 80. Ainsi, ils ont promu la privatisation des grandes entreprises publiques, rachetées systématiquement par des capitaux étrangers. Ils ont également imposé une diminution mortifère des droits de douane sur les produits importés, rendant la production locale, notamment agricole, souvent plus chère que les produits étrangers subventionnés par les pays producteurs et réduisant les recettes du port, principale richesse de la ville. Ainsi, pour cette exposition, nous proposons de réaliser un portrait de Port au Prince à travers des travaux d’une trentaine d’artistes Port-aut Princiens. Pour ce faire, nous présenterons des oeuvres, jamais exposées en Europe d’une jeune génération de photographes, mais également, de la peinture, des dessins, des sculptures, des extraits littéraires et un travail sonore portant la parole des habitants de la ville. Nous donnerons aussi à écouter de la musique - mix, performance sonore, conférence musicale – à voir et à entendre des documentaires, des vidéos expérimentales ainsi qu’un film de fiction. Haïti est un petit pays, mais une grande puissance culturelle